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Zones d'activités économiques : jackpot ou cadeau empoisonné ?

Un an après le transfert des zones d'activités économiques aux intercommunalités, les nouveaux gestionnaires doivent revaloriser ce foncier, souvent en déshérence, sous peine de créer des boulets financiers. Un quart des zones sont obsolètes et toutes ont besoin de nouveaux services.

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Par Marion Kindermans

Publié le 22 janv. 2019 à 10:39

Des bombes à retardement financières ? Maintenant qu'elles sont aux manettes des quelque 24.000 à 32.000 zones d'activités économiques, les intercommunalités vont devoir relever le défi : redonner du souffle à ces espaces créés à tout-va par les villes depuis les années 1970 et devenues dans leur grande majorité obsolètes. Des zones qui couvrent pas moins de 450.000 hectares. Sur le papier, l'opération semble tout bénéfice. Dans le cadre de la loi NOTRe, les communautés de communes ou d'agglomération ont récupéré, depuis le 1er janvier 2017, la création, l'aménagement, l'entretien et la gestion des zones d'activités économiques (ZAE), anciennement confiés au bloc communal.

Un transfert qui s'est opéré - parfois avec des heurts, comme pour les 43 zones récupérées par le Grand Besançon - quand il s'est agi d'estimer les charges financières. Mais une belle opportunité pour ces collectivités de prendre la main sur la stratégie économique. « Sur le papier, c'est un cadeau, car elles acquièrent la maîtrise de leur territoire », fait remarquer Olivier Crépin, responsable du développement économique à l'Assemblée des communautés de France (ADCF). Mais la réalité de terrain risque d'être moins rose. C'est ce qui ressort de l'enquête parue en décembre 2018 menée, un an après un premier sondage, par l'association d'élus et le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) auprès de 234 intercommunalités (dont une centaine qui ont répondu).

Espaces agricoles

Le devenir de ces zones est crucial. « Il se pose avec encore plus d'acuité aujourd'hui, car avec la reprise économique, de nombreuses entreprises ont besoin de procéder à des extensions », décrit Olivier Crépin. Dans un contexte où l'artificialisation des sols est de plus en plus contraint, où la protection des espaces agricoles est majeure, il ne s'agit plus de créer de nouvelles zones. L'urgence est donc la requalification de celles qui émaillent déjà l'Hexagone.

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Or, à part quelques locomotives bien connues - comme le Technopole de Savoie, le parc d'activités Artois-Flandres dans le Nord, le technopole de l'environnement Arbois-Méditerranée à Aix-en-Provence - qui ont su mêler mobilité, services et haute qualité immobilière, ces emprises ont été longtemps délaissées.

Dans l'enquête, deux tiers des communautés d'agglomération se déclarent concernées par des enjeux de requalification pour la totalité ou la majorité des sites. Car un quart des zones sont en déclin. Vieillissement des bâtiments, manque de transports, absence de restauration, mauvais équipement numérique, faiblesse des réseaux… Plus d'un quart (27 %) des directeurs généraux des services interrogés conditionnent leur avenir à une requalification et 24 % pensent même qu'elles sont menacées à court ou moyen terme.

Densification

Pour leur donner un nouveau souffle, il faut changer de logiciel. Rien ne sert de refaire la signalétique ou les espaces publics à coups de millions comme dans les années 1980. Il faut aller plus loin. Et passer d'une « logique d'aménageur à celle d'investisseur », préconisent les auteurs. C'est-à-dire développer les services, mobiliser les entreprises présentes pour qu'elles se rénovent, densifier les zones pour optimiser le foncier, accompagner la mutation de certaines parcelles. « Pour y parvenir, il faut que les intercos étoffent leur service économique et mettent en place de vrais plans stratégiques », prévient Pierre-Cécil Brasseur, consultant au cabinet Synopter. Car face aux nouvelles méthodes de travail (télétravail, Fab Lab…), les zones d'activités risquent de perdre tout attrait. Mais les intercos n'en sont pas encore là.

Reste que le gros point noir réside dans le diagnostic. La définition même de zone d'activités est floue. Leur nombre est approximatif, leurs situations hétérogènes. Pour pallier ce vide, les Chambres de commerce et d'industrie se sont emparées du sujet. Après la Bretagne, l'Ile-de-France vient de faire un recensement des forces et faiblesses de ses zones d'activités. Il y a urgence. Près de 1,4 million d'emplois y sont concentrés, soit 20 % de l'emploi total de la région capitale.

Marion Kindermans  (@MaKindermans)

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